Media Monitoring - OSESG-GL, 22 JUNE 2015

22 juin 2015

Media Monitoring - OSESG-GL, 22 JUNE 2015

GENERAL NEWS

L’ONU, soixante-dix ans et un bilan mitigé

REPORTAGE/ANALYSE

Source: La Croix

Par Fatimata Burki (à Kinshasa)

Créée en 1945 « afin d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales », l’Organisation des Nations unies a multiplié, depuis, l’envoi de casques bleus, enregistré quelques succès et suscité aussi beaucoup de critiques.


19 juin 2015 - Le 22 mai 2015, la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) fête son anniversaire en exposant, à l’Institut français de Kinshasa, des photos qui retracent diverses actions sur le terrain (patrouilles, sécurisation, collaboration avec l’armée congolaise, échanges avec la population, hommage aux casques bleus morts…). « Être dans votre pays durant quinze ans, ce n’est pas tellement normal. Il est temps de réfléchir sur la fonction de la Monusco », déclare alors Martin Kobler, son chef.

La réflexion bat son plein. Fin mars, alors que le mandat de la ­Monusco était sur le point d’être renouvelé, Kinshasa a demandé le départ de 7 000 casques bleus de la Mission, l’une des plus importantes au monde avec 25 000 personnes. Finalement, le Conseil de sécurité a opté pour le retrait de 2 000 soldats.

L’ex-colonie belge de 65 millions d’habitants avait justifié sa requête par la baisse « de 90 % » de l’insécurité dans l’est du pays, instable depuis vingt ans. Mais, à l’époque, elle était aussi outrée par une exigence de la Monusco concernant la traque des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) : la Mission onusienne conditionnait son soutien à l’armée congolaise au changement de deux commandants qu’elle soupçonne de violations des droits de l’homme. Kinshasa a refusé et, en février, s’est lancée seule à l’assaut des FDLR, sans pouvoir les neutraliser.

COLLABORATION SUSPENDUE DANS LES PROVINCES DES NORD ET SUD-KIVU

Les deux partenaires tentent d’aplanir leurs divergences mais, en attendant, leur collaboration est suspendue dans les provinces des Nord et Sud-Kivu (est). En revanche, en province orientale (nord-est), ils ont lancé début juin une grande offensive contre le Front de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI), dont un ancien chef, ­Germain Katanga, a été condamné par la Cour pénale internationale.

Plus au sud, au Nord-Kivu, on espère une reprise rapide de la coopération : de présumés rebelles musulmans ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) sont accusés d’avoir massacré plus de 400 hommes, femmes et enfants depuis octobre, essentiellement à l’arme blanche.

Les massacres se sont parfois ­déroulés près de positions de l’armée et de la Monusco, sans intervention de leur part. À plusieurs reprises, des habitants excédés s’en sont pris aux casques bleus autorisés à « recourir à tous les moyens nécessaires » pour assurer leur « protection ». Leur rancœur se nourrit de scandales présumés ou réels (exploitation de minerais, abus sexuels…) mettant en cause des employés de la Monusco.

UN BUDGET ANNUEL DE 1,4 MILLIARD DE DOLLARS

« Je comprends ceux qui critiquent la Monusco, concède Martin Kobler. Mais depuis deux ans que je suis là, j’essaie de régler les problèmes. Il y a des patrouilles de nuit et à pied. On est beaucoup plus actifs. »

La Mission, qui a payé le prix du sang avec 86 tués, dispose d’un budget annuel de 1,4 milliard de dollars. Elle est dotée de drones de surveillance et 51 pays fournissent des troupes, avec en tête l’Inde, le ­Pakistan et le Bangladesh. Frein à l’efficacité : « Ceux qui commandent réellement les troupes ne sont pas ceux qui les commandent officiellement » sur le terrain, car les « pays contributeurs de troupes ont le vrai pouvoir décisionnel dès qu’il s’agit d’engager le combat », souligne Thierry Vircoulon, du cercle de ­réflexion International Crisis Group.

À ce problème s’ajoute le fait que « l’armée ainsi que la police et les services de sécurité n’ont pas été ­réformés, en dépit des appuis de partenaires extérieurs », estime le député d’opposition Juvénal Munubo.

NAISSANCE EN 1999 DURANT LA DEUXIÈME GUERRE DU CONGO

« Il faut renforcer le mandat, les effectifs de la Brigade d’intervention de la Monusco (FIB), diminuer sensiblement les autres effectifs. Dans le cas contraire, la Monusco n’a pas sa raison d’être et doit plier bagage », tranche Luc Nkulula, l’un des militants du groupe Lutte pour le changement (Lucha), basé à Goma, capitale du Nord-Kivu.

La FIB compte 3 000 Tanzaniens, Sud-Africains et Malawites devant lutter contre les nombreux groupes armés de l’est. Elle a participé à la chute du Mouvement du 23 mars (M23) qui a affronté Kinshasa de mai 2012 à novembre 2013 au Nord-Kivu, et pris brièvement Goma en novembre 2012 après que l’armée a fui et que la Monusco n’a pas voulu combattre seule les rebelles.

La Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (Monuc, ancêtre de la Monusco) est née en 1999 durant la deuxième guerre du Congo (1998-2003). En 2005, elle a appuyé l’organisation d’un référendum sur la nouvelle Constitution et, l’année suivante, celle des premières élections libres et démocratiques depuis l’indépendance, en 1960. Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001, a été élu président.

RADIO OKAPI, « ESPACE DE DÉBAT »

Pour Thierry Vircoulon, ces élections sont les seules « réussites à mettre à l’actif » de la Mission. ­Christoph Vogel, chercheur sur les conflits de l’est congolais, qualifie quant à lui de « véritable succès » son programme de Désarmement, démobilisation, réinsertion, rapatriement et réinstallation (DDRRR) qui, depuis 2001, a « réussi à désarmer et rapatrier plus de 10 000 combattants, en majorité FDLR ».

D’autres saluent la création, en 2002, de Radio Okapi. Elle « donne des informations plutôt fiables et équilibrées, comparé aux autres médias congolais » et offre un « espace de débat à toutes les opinions et aux simples citoyens », commente Luc Nkulula.

En 2010, la Monuc est devenue Monusco. Elle a aidé à l’organisation de la présidentielle et des législatives de 2011, gagnées dans des conditions contestées par Joseph Kabila et son camp. Alors qu’un cycle de scrutins doit s’achever en novembre 2016 avec la présidentielle, la Monusco insiste sur le respect de la Constitution et la tenue d’élections « libres, transparentes et démocratiques ».

« JOSEPH KABILA S’ENFERME DANS UNE DÉMARCHE AUTOCRATIQUE »

En janvier, elle a déploré la mort de quelques dizaines de personnes dans la répression de manifestants dénonçant un projet de loi qui aurait pu permettre à Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir. Il ne peut briguer un troisième mandat, selon la Constitution.

Les sorties de la Monusco irritent jusqu’au sommet. « La défiance accrue entre la Monusco et Kinshasa me semble surtout le résultat d’un raidissement du pouvoir congolais. Kabila s’isole, s’enferme dans une démarche autocratique, refusant toute critique, même atténuée », juge un haut fonctionnaire de l’ONU basé à New York.

Au siège de l’ONU, à New York, le sort de la RDC ne passionne pas. « La direction de la Monusco cherche uniquement à préserver les intérêts économiques de certains membres du Conseil de sécurité », accuse un spécialiste des conflits dans l’est de la RDC.

Le même haut fonctionnaire de l’ONU renchérit que la « seule chose qui intéresse certains États membres, c’est la dimension “retrait” de la Mission, car il faut faire des économies », d’autres crises faisant rage (Irak, Syrie…) : « La RDC, comme le Darfour, le Sud-Soudan, devient un bruit de fond. On en parle régulièrement, mais il n’y a pas de volonté réelle » de régler les problèmes.

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DRC


RDC – Freddy Matungulu : « Le report de la présidentielle au-delà de 2016 serait une erreur »

ARTICLE

Source: Jeune Afrique

Par Trésor Kibangula

19 juin 2015 - Après avoir pris sa retraite anticipée du FMI, Freddy Matungulu Mbayamu Ilankir, 60 ans, voudrait se lancer dans la course à la présidentielle congolaise de 2016. L'ancien ministre de l'Économie s’est confié à « Jeune Afrique ».

Il y pense depuis quelques temps, mais c’est vers la fin de l’année 2014 que Freddy Matungulu Mbayamu Ilankir a décidé de quitter son poste au Fonds monétaire international (FMI) pour se consacrer « entièrement » à la politique. Avec une principale motivation derrière la tête : devenir le prochain président de la RDC.

« Alors que le débat sur la modification de la Constitution [pour permettre au président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat, NDRL] faisait rage au pays entre 2013 et 2014, je me suis senti sous pression. Je ne pouvais plus continuer à rester au FMI alors que tout le monde essayait de donner de la voix », explique Freddy Matungulu Mbayamu, d’un ton calme et déterminé. « Il fallait passer à l’action », ajoute-t-il.

Première étape : une « réflexion » publiée début décembre 2014 sur Jeune Afrique dans laquelle le technocrate de 60 ans s’en prend avec véhémence aux politiciens et à l’élite de son pays. « Cette ‘élite’ intellectuelle et politique qui affectionne les titres d’Honorable et d’Excellence, mais qui chaque jour se déshonore en excellant dans toutes les vilenies, absolument toutes, pour parvenir au sommet d’une hiérarchie sociale devenue nauséabonde ou s’y maintenir à tout prix, en entretenant la détresse et la déshumanisation de notre société désemparée », dénonçait-il.

Congo na biso

Quelques jours plus tard, il quitte son poste de chef de division adjoint au département Afrique au FMI. Pour se libérer du devoir de réserve et retrouver sa liberté de parole. Il se lance alors dans une campagne médiatique tout azimuts, multipliant tribunes et prises de position dans la presse internationale et nationale. Avec l’œil toujours fixé sur la présidentielle prévue le 27 novembre 2016, il a ressuscité un « petit parti politique » et l’a rebaptisé Congo na biso [Notre Congo, en lingala, l’une des langues nationales de la RDC, NDLR].

Mais « par respect pour les Congolais », Freddy Matungulu attend son retour en RDC pour annoncer officiellement sa candidature à la présidence de la République. Lui qui a été le tout premier ministre de l’Économie, du Budget et des Finances du régime de Joseph Kabila, pendant deux ans (2001-2003), avant de rendre son tablier.

Pourquoi Matungulu a quitté Kabila


Le divorce d’avec le président Kabila fut « dramatique », selon l’ancien ministre. Plus de dix ans plus tard, il s’en souvient : « Après deux ans de fonctionnement normal des institutions de la République, il apparaissait de plus en plus clairement qu’il y avait un essoufflement. Au niveau la gestion des dépenses, il était devenu difficile de s’assurer que certaines sommes importantes allaient bien là où elles étaient réellement affectées».

Au début, Matungulu tente de faire de la résistance, refusant à autoriser « certains décaissements importants qui [lui] paraissaient de nature à perturber le programme budgétaire du gouvernement ». Mais il est rappelé à Kinshasa alors qu’il séjournait à Lubumbashi pour défendre le projet de budget 2013 devant l’Assemblée nationale, dont le siège était alors dans la capitale du Katanga.

« Même mon discours de présentation du budget devant les députés était interrompu à plusieurs reprises par des coups de fil de Kinshasa, raconte l’ancien ministre. On m’a fait revenir dans la capitale aux petites heures de la matinée par un vol spécial. Une fois arrivé, j’ai été conduit à 1 heure du matin au Conseil national de sécurité. Là-bas, j’ai subi un interrogatoire pendant deux heures au cours duquel il m’a été ordonné de signer ses ordres de paiement dont on attendait le décaissement depuis plusieurs jours. » Ce qu’il ne fera pas, préférant quitter le gouvernement.

Matungulu, un « produit singulier »

Je suis un produit singulier qui a fait ses preuves en matière de gestion des affaires de l’État.

Plus de dix ans après les faits, Matungulu compte bien jouer sur cette « intégrité » qu’il a pu démontrer lorsqu’il était aux affaires pour rassembler les autres opposants autour de sa candidature à la présidentielle de 2016. Originaire du Bandundu, dans l’ouest de la RDC, il se présente comme un « produit singulier qui a fait ses preuves en matière de gestion des affaires de l’État ». Mais il se dit aussi « disposé » aux discussions en vue de trouver un candidat commun face à celui que le président Kabila – qui ne peut pas, en l’état actuel de la Constitution congolaise, se représenter – pourrait adouber en 2016.

Abstraction faite de Moïse Katumbi qu’il considère comme faisant « toujours partie du camp Kabila », de Vital Kamerhe qui a, selon lui, « fait Kabila &