APPEL À L’ASSOCIATION DES FEMMES AUX PROCESSUS DE PAIX

7 sep 2016

APPEL À L’ASSOCIATION DES FEMMES AUX PROCESSUS DE PAIX

Nairobi, le 7 septembre 2016 : « Ensemble, nous devons nous assurer que la génération à venir jouisse d’une région bâtie sur l’égalité entre femmes et hommes, la paix et le développement durables », a déclaré Mme Jebbeh Forster, Conseillère principale pour la paix et la sécurité auprès d’ONU-Femmes, à l’occasion du lancement de l’étude mondiale sur l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité de l’ONU en Afrique de l’Est et en Afrique australe.

Cette étude, lancée à Nairobi le 7 septembre 2016 par le Bureau d’ONU-Femmes pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe et le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, vise à surveiller l’application à l’échelle mondiale des engagements pris au titre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité , à observer l’évolution de la situation mondiale en termes de paix et de sécurité, ainsi qu’à formuler d’ambitieuses recommandations sur la voie à suivre.

L’autonomisation des femmes contribue à la réussite des pourparlers de paix et à l’instauration d’une paix durable, accélère la reprise économique, renforce les opérations de paix, améliore la qualité de notre assistance humanitaire et aide à combattre la violence extrémiste.

Mme Sahle-Work Zewde, Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Nairobi, a noté qu’en Afrique, c’est dans la région des Grands Lacs que les femmes sont le plus représentées aux postes de haut niveau dans les opérations de maintien de la paix. « Les organismes régionaux tels que l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, la Communauté de développement de l’Afrique australe et la Communauté d’Afrique de l’Est ont pris de solides engagements au titre des principes de la résolution 1325 (2000), auxquels ont souscrit les États membres. » Elle a en revanche remarqué que malgré quelques progrès notables, il n’y a eu que peu d’avancées dans certains domaines et de nouvelles menaces pèsent sur la sécurité des femmes, comme en témoignent les niveaux élevés de violences sexuelles et sexistes, la violence extrémiste, le peu de visibilité et de représentation dont jouissent les femmes dans les processus de paix officiels et l’insuffisance des ressources pour le rétablissement et la réintégration des femmes, ce qui compromet la sécurité et l’autonomisation des femmes et l’égalité entre femmes et hommes, ainsi que, partant, l’éventualité d’une paix et d’un développement durables.

L’Envoyé spécial a coprésidé le lancement de l’étude ainsi que le lancement officiel dans la région de la stratégie pour les Grands Lacs du Groupe des Nations Unies pour le développement  à l’appui de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération (l’« Accord-cadre »). L’Accord-cadre cherche à promouvoir une paix durable dans la région des Grands Lacs en mettant l’accent sur l’égalité entre femmes et hommes et l’autonomisation des femmes.

« Nous reconnaissons qu’il y a eu globalement quelques progrès dans l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les régions d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe. Cependant, des défis et lacunes considérables subsistent, et il faudra pour les régler un engagement, des ressources et des efforts collectifs », a observé M. Djinnit dans son discours liminaire.

« L’Accord-cadre porte précisément sur la nécessité d’instaurer un climat stable et pacifique dans la région des Grands Lacs, exempt de toute violence sexuelle ou sexiste et dans lequel les femmes et les filles jouissent d’une autonomie leur permettant de participer à la consolidation de la paix et la croissance économique et de bénéficier de façon égale des retombées positives d’un développement durable », a ajouté M. David Clapp, Coordonnateur de la Plateforme sous-régionale d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe du Programme des Nations Unies pour le développement, également présent au lancement.

Cette manifestation a rassemblé des hauts fonctionnaires de la région d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, des membres de la communauté diplomatique, des organismes des Nations Unies, des représentants d’institutions régionales, y compris les secrétariats de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et de la Communauté de développement de l’Afrique australe, des organisations de la société civile et des personnalités de premier plan travaillant dans le domaine de la paix et de la sécurité.

L’étude mondiale sur l’application de la résolution 1325 (2000) analyse dans ses principales conclusions et recommandations sept domaines thématiques essentiels et examine des acteurs clefs en matière de suivi du respect des obligations concernant les femmes et la paix et la sécurité. Les sept domaines thématiques sont les suivants :

  • La participation des femmes : l’association des femmes aux processus de paix a un effet positif favorisant le lancement, la reprise ou la finalisation des négociations, notamment lorsque les pourparlers se sont essoufflés ou ont perdu leur élan.
  • La protection des droits des femmes et des filles dans un contexte d’assistance humanitaire : les violences à l’égard des femmes et des filles ont fait l’objet d’une plus grande attention, en particulier les violences sexuelles commises en période de conflit, ce qui a permis de mieux faire connaître ce problème, de mettre en place des campagnes de sensibilisation de haut niveau et de développer des outils techniques. Cependant, les fonds consacrés à ces programmes et services dédiés aux personnes rescapées de ces violences sont trop maigres.
  • Le cheminement vers une ère de justice amenant des changements : la justice doit être de nature à provoquer des changements en s’attaquant non seulement aux cas individuels des violences subies par les femmes mais également aux inégalités sous‑jacentes qui sont à l’origine de la vulnérabilité des femmes et des filles en période de conflit et qui mettent en lumière les conséquences des violations des droits fondamentaux qu’elles subissent.
  • Le maintien de la paix dans un monde de plus en plus militarisé : il faut insister plus fermement sur la démilitarisation et sur l’élaboration de stratégies efficaces de prévention des conflits et de protection non violente des civils. L’étude souligne par ailleurs qu’il a été prouvé que la présence de femmes dans le secteur de la sécurité diminue sensiblement le nombre de plaintes pour pratiques répréhensibles et la fréquence de l’utilisation abusive des armes, tout en renforçant la crédibilité des forces armées, facilitant l’accès aux informations vitales et aux communautés et permettant une dénonciation plus fréquente des crimes sexuels et sexistes.
  • La construction de sociétés pacifiques et inclusives au lendemain d’un conflit : dans les pays touchés par un conflit ou qui en sortent, les femmes n’ont pas les perspectives économiques nécessaires à leur survie, font sans cesse face à des violences quotidiennes au sein de leurs foyers et de leurs communautés, doivent surmonter les difficultés liées aux lourdes charges de soin et de famille qui pèsent sur elles et continuent de souffrir de traumatismes émotionnels et physiques liés au conflit, sans bénéficier d’appui ni que soit reconnue leur situation. Souvent, au lendemain d’un conflit, les violences à l’encontre des femmes s’accentuent, ce qui met en lumière l’importance de reconstruire des institutions qui garantissent l’état de droit.
  • La prévention des conflits : les États affichant des niveaux plus faibles d’inégalité entre hommes et femmes ont moins de chances de recourir à l’usage de la force. Il faut mieux faire connaître l’influence des normes, relations sociales et inégalités entre hommes et femmes sur le déclenchement des conflits.
  • La lutte contre la violence extrémiste : un point commun que partagent les groupes extrémistes à travers les régions est que leur progression a systématiquement été accompagnée d’atteintes aux droits des femmes et des filles, qu’il s’agisse du droit à l’éducation, de la participation à la vie publique ou du droit à l’autonomie dans la prise de décisions qui concernent leur propre corps.

De nombreux pays africains ont élaboré des plans d’action nationaux en vue de l’application de la résolution 1325 (2000), le Kenya ayant vu le sien lancé cette année par Margaret Kenyatta, épouse du Président, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

La résolution 1325 (2000) constitue un cadre juridique et politique historique, qui reconnaît l’importance de la participation des femmes et d’adopter une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans les négociations de paix, les processus politiques, la planification humanitaire, les opérations de maintien de la paix, et la consolidation de la paix et la gouvernance au lendemain d’un conflit.